Retours sur notre Assemblée Générale du 30 avril 2016

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L’Assemblée Générale des sociétaires est un moment important pour une coopérative et cette année celle de la SCOP Ardelaine marque un tournant générationnel. Outre les présentations habituelles d’une AG, rapport d’activité, rapport financier et perspectives, c’est le passage de témoins des derniers fondateurs encore en postes à une nouvelle équipe.

Mais avant d’aborder le cœur de l’exercice démocratique, il nous semble important de vous faire partager l’environnement de l’organisation.
L’AG fixée le samedi 30 avril à 9h30 est précédée de quelques mises en bouche.

En fin de matinée du vendredi 29, Béatrice Barras participe en directe à au magazine de la rédaction de France Culture « Les coopératives : quand les citoyens prennent leur vie en main ». Il y a un regain d’intérêt, comme un bouillonnement, nous avons l’impression qu’Ardelaine a anticipé dit Béatrice Barras, et elle rajoute : une coopérative de territoire, favorise l’économie locale en animant la filière laine. Pour Béatrice Barras, nous ne naissons pas coopérateurs, nous le devenons par la formation. L’école peut préparer les jeunes.

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Quelques minutes plus tard, sur le plateau de la radio locale Radio Méga, elle participe avec Jean-François Draperi au magazine de Scop en Scic. Le thème abordé est l’histoire des coopératives, hier et aujourd’hui. L’intervention de Jean-François Draperi retrace le mouvement coopératif, avec des hauts est des bas. Le 19ème siècle est vraiment le début des coopératives modernes qui met l’engagement volontaire, c’est à dire la liberté, l’égalité, une personne égale une voix, solidarité entre les membres, ces trois valeurs se réalisent à travers des règles. Le projet des premières coopératives est parallèle au projet révolutionnaire : liberté, égalité, fraternité. Les coopératives ont forgé ces ambitions dans l’économie pendant que les révolutionnaires les faisaient vivre dans la sphère du politique. C’est dans ce mouvement que Béatrice Barras inscrit la marche d’Ardelaine. La SCOP Ardelaine est née en 1982 après 7 années de gestation. C’est la petite équipe de départ qui donne les moyens de démarrer cette petite coopérative qui avait comme projet de faire revivre une filature de laine à Saint-Pierreville qui passe par le restructuration de la filière laine locale. Pour Jean-François Draperi, Ardelaine est le modèle type de coopérative qui s’inscrit dans le territoire.

Pendant ces préludes, à Saint-Pierreville (en Ardèche) les salariés et les clients solidaires préparent l’accueil des sociétaires.

 

Les clients solidaires
C’est en 2015 que quelques clients d’Ardelaine de la Drôme et de l‘Ardèche décident de se mettre en réseau et de se mobiliser ensemble autour de la coopérative. Tous ne sont pas sociétaires, mais ils sont d’accord pour apporter leurs réflexions, et si nécessaire un coup de main pour que l’entreprise se développe et rayonne. À aucun moment leurs actions doivent remplacer le travail d’un salarié.
Les clients solidaires ont fait leurs premiers pas en participant à l’organisation de cette assemblée générale. Trois rendez-vous sont proposés.

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Le vendredi soir, une conférence « s’habiller local aujourd’hui ? Suivez le fil ! » regroupe trois intervenants : Patrick Mainguené de Soft’in, atelier français de fabrication de chaussures éco-conçues à Romans (Drôme) ; Thomas Huriez de 1083, jeans et chaussures fabriqués en France (1083 Km est la distance entre les deux villes le plus éloignées de l’hexagone) et Meriem Fradj de la SCOP Ardelaine. Seule Ardelaine est sous forme coopérative.

Après les deux assemblées générales, les clients solidaires animent un moment d’échanges avec les salariés pour partager la démarche commune qui se met en route.

Pour clôturer ces deux jours, une conférence de Jean-François Draperi sur « Le temps des coopératives ».

Mais revenons à l’essentiel, les assemblées générales ordinaires et extraordinaires.
Comptes rendus, échanges, explications sont l’ordinaire de l’assemblée générale qui se terminent par des votes des sociétaires. Le moment qui attire toutes les attentions c’est le travail entrepris par les membres du conseil d’administration (et parfois élargi) pour apporter une solution au remplacement du PDG, Gérard Barras, membres fondateur, qui a atteint la limite d’âge prévue dans les statuts.
Depuis un an, les membres du CA se  sont retrouvés chaque mois (habituellement les réunions étaient trimestrielles) avec un temps consacré à cette question.

Il nous est nécessaire de faire un retour en arrière de quelques années. Béatrice Barras a tenu la fonction de DRH (Directrice des Richesses Humaines) pendant de nombreuses années. Progressivement, de nouvelles personnes ont été intéressées à ce métier et assurent aujourd’hui cette responsabilité. Il y a deux ans, la Directrice Administrative et Financière, membre fondateur aussi, décide de quitter l’entreprise. Comment faire ? Il est bien envisagé un instant l’embauche d’une personne à l’extérieur. Trouver une personne qui intègre la culture de l’entreprise et son organisation ? Un risque à ne pas prendre.

C’est l’occasion de faire monter en compétence des jeunes sociétaires-salariés. Les tâches administratives et financières sont mises à plat, une équipe se forme et prend l’ensemble des métiers. Gérard Barras indique l’entreprise a gagné en transparence, les finances sont mieux maitrisées. Le moment difficile est passé !                                    C’est cette même démarche qui est adoptée pour la fonction de PDG. Le CA fait deux constats :
– Chaque salarié exécute plusieurs tâches dans l’entreprise en fonction de ses centres d’intérêt et des nécessités de la production.
-Gérard Barras n’a jamais pris une décision seul, sauf urgence, alors pourquoi cela ne pourrait-il pas se poursuivre ?
Le nouveau CA, réuni entre les deux assemblées générales, décide de nommer une présidente et une directrice générale. Il met immédiatement en place un « groupe porteur » de 3 personnes, mieux qu’un comité de direction, car la coopérative doit « être portée ».
Il y a encore dans la société trois membres fondateurs qui assurent un poste à temps partiel avant de quitter définitivement (est-ce possible) l’entreprise.

L’assemblée générale extraordinaire apporte deux modifications majeures pour les salariés.
L’obligation de devenir sociétaire au bout de deux ans et le versement de 1% du salaire au capital de l’entreprise.
Ce passage de la transmission générationnelle oblige que tous se sentent concernés, que le fait de devenir sociétaire marque l’intérêt que porte les nouveaux venus à l’entreprise. Le départ des fondateurs, porteurs d’une plus grande partie des parts sociales, même si l’on peut penser que le capital ne quittera pas l’entreprise, se retrouve dans les sociétaires extérieurs au risque de déséquilibrer la part du capital tenu par les salariés qui doit rester majoritaire. Il faut dès aujourd’hui préparer ce transfert. Dans une entreprise qui a toujours valorisé le libre choix individuel cette décision fait débat. Ces deux délibérations sont adoptées.

Il nous parait intéressant de faire un clin d’œil au commissaire aux comptes. En effet depuis de nombreuses années, c’est la même personne qui suit l’entreprise. Avec 5 amis il a décidé de créer une SCOP et naturellement Ardelaine suit cette nouvelle entreprise.

Pendant tout le déroulement des assemblées statutaires nous avons senti une gravité, un sérieux mais aussi de la sérénité. Ardelaine veut continuer son œuvre d’animateur de territoire et être un lien entre les producteurs et les clients.

À Ardelaine, même les moments sérieux se passent dans la bonne humeur, et en fin de journée tous les sociétaires et amis se retrouvent pour un moment convivial et font « corps » autour du projet d’entreprise.

Michel Chaudy (client solidaire) & Michel Ronzy (…)

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