Cette année, Ardelaine fête ses 40 ans d’existence !

Quarante ans d’un projet coopératif toujours en renouvellement et en apprentissage. En démarrant l’aventure en juin 82, l’équipe fondatrice n’avait certes pas une telle durée en tête ! La découverte d’une ancienne filature de laine au coeur de l’Ardèche en est le point de départ, suivie par dix années de reconstruction du bâtiment, de formation aux métiers de la laine et par la construction d’un projet économique viable. La création de la SCOP donne le coup d’envoi de cette entreprise si peu classique !
Pour l’occasion, nous avons voulu vous retracer l’histoire de notre coopérative en parcourant ses étapes de développement et de création, et en les reliant à des choix, des engagements, portés avec cœur par pas moins de 370 personnes tout au long de ces quatre décennies…
Prêts à lire notre histoire ?

En 1982 donc, les fondateurs déposent les statuts d’Ardelaine, une jolie contraction entre Ardèche, laine et art de la laine. Le choix de la coopérative est loin d’être anodin : c’est une réelle volonté de trouver la forme d’entreprise la plus adaptée à la valorisation du travail et du collectif. Une SCOP appartient en effet majoritairement à ses salariés. Chaque salarié coopérateur, quelle que soit sa part de capital, a une voix à l’assemblée générale pour voter les grandes décisions.

Près de la moitié du résultat économique, s’il est positif, est partagé entre tous les salariés : c’est la « participation » ou la « part travail ». 10% des bénéfices sont également distribués entre les associés en fonction de leur engagement dans les fonds propres de la coopérative, c’est la rémunération des parts sociales. Le reste est mis en réserves impartageables, qui serviront au développement des activités et du projet.

1982, c’est donc le premier emploi, il sera suivi chaque année par la création d’un ou deux autres, de façon assez régulière et constante. C’est un des fondamentaux de la Scop Ardelaine que de créer de l’emploi en milieu rural isolé. Aujourd’hui nous sommes environ 60 personnes à travailler ensemble : une bien belle équipe !

Dans les premières années, nous proposons essentiellement des matelas, des couettes, du fil à tricoter… L’arrivée de nouvelles personnes va nous permettre de développer ces activités de production autour de la laine et notamment de démarrer la fabrication de vêtements. L’opportunité d’apprendre ces nouveaux métiers se fait en ville, à Valence, dans la Drôme, et permet à Ardelaine d’avoir depuis un ancrage citadin, où le développement local est aussi une nécessité !

Ardelaine-Histoire-Laine-Bobines-Fils-Ardeche

À cette époque, notre équipe écume les marchés et les premiers évènements autour du bio comme le salon Marjolaine à Paris ou la foire bio d’Alsace. Nos produits pure laine sont alors encore méconnus, se déplacer pour se faire connaître et vendre est un impératif. Il ne doit cependant pas faire oublier l’envie de travailler et vivre dans ce petit bout d’Ardèche… et de le faire découvrir à d’autres !

Alors au début des années 90, nous décidons de créer un musée de la laine, qui attirera plusieurs milliers de personnes chaque année. L’occasion pour nous d’ancrer encore plus notre coopérative dans le territoire et de transmettre nos savoirs autour de la laine, cette fibre unique et magique !

Ardelaine-Histoire-Demonstration-Rouet-Filer-Laine-Scop-Ardeche

L’équipe s’agrandit, les métiers se diversifient et la question de l’égalité salariale en vigueur depuis le démarrage se pose. En effet, lorsque l’on est entre personnes donnant naissance à un même projet, être au même niveau de salaire est naturel : comment juger de l’implication ou de la valeur plus ou moins forte de personnes fondatrices ? Lorsque de nouveaux venus entrent dans l’histoire, la question arrive : doit-on se payer plus par rapport à eux ? Quelles compétences ou savoir-faire est plus à même d’être mieux valorisés que les autres ? Le choix est alors fait de continuer à pratiquer l’égalité salariale, quels que soient le métier exercé ou le diplôme. Ce choix de ne pas faire de différence entre des métiers manuels, administratifs ou d’accueils est toujours valable 40 ans plus tard.

Nos salaires sont basés sur le SMIC, car le textile tel que nous le pratiquons, à contre-courant de ce qui se fait massivement, génère de faibles marges. De petits salaires, c’est aussi le choix de répartir les richesses en étant plus nombreux et donc de participer au développement local. De plus, cela nous permet de répartir la charge de travail et de donner plus de temps à la formation et à la vie coopérative. Enfin, la participation permet, on l’a vu, de valoriser ces salaires quand le résultat est positif.

SCOP-Solidarite-Societe-Cooperative-ESS

Lorsqu’Ardelaine fête sa vingtaine, nous sommes alors une trentaine de salariés. Pour l’occasion, un livre est édité. Il retrace l’aventure singulière de notre coopérative*. Nous avons agrandi et amélioré nos espaces de travail et notamment nos ateliers de production. Une nouvelle visite guidée a vu le jour et notre côté citadin est renforcé par l’arrivée de nouveaux savoir-faire rares autour du tricotage, à Roanne, dans la Loire.

La polyvalence présente dès le départ est toujours d’actualité, elle est même une porte d’entrée intéressante pour de nombreuses personnes : apprendre non pas un mais plusieurs métiers, s’enrichir au contact de différentes équipes, mieux comprendre le fonctionnement d’ensemble en étant à plusieurs endroits. Quelle chance de pouvoir sortir de son quotidien, de continuer à apprendre et découvrir, de partager plus et mieux ! C’est une volonté de l’équipe que de faire vivre cette polyvalence : en étant à la fois dans la production et dans la vente, en atelier et dans les bureaux, en administratif et au contact du public, on décloisonne et l’on crée du lien entre les personnes. On améliore la compréhension de ce que fait chacun au sein de la coopérative, renforçant ainsi la cohésion du collectif.

L’accueil des visiteurs augmente, de nombreux groupes notamment viennent passer la journée chez nous en Ardèche. Le manque d’un lieu plus agréable pour les recevoir se fait sentir et surtout la possibilité de se restaurer sur place. Notre site n’est pas facile d’accès, les petites routes sinueuses qui y mènent, si elles le protègent du tourisme de masse, rendent par là même important d’offrir des services de qualité à celles et ceux qui les empruntent.

Un nouveau projet se dessine alors et voit le jour en 2010, avec la création d’un café-librairie et d’un restaurant où saison, bio et local sont les maîtres-mots pour une cuisine saine et gourmande. Et puisque nous avons la vocation de faire vivre ce territoire, alors pourquoi ne pas développer un atelier de transformation qui permettent aux producteurs locaux de valoriser leurs fruits, légumes et autres productions ? C’est la naissance de l’association Le Bateleur qui chaque année, dans les mêmes locaux que notre restaurant, accueille plus de 50 producteurs et accompagne la fabrication de plus de 90 000 conserves**.

Restaurant La Cerise sur l'agneau Saint-Pierreville Ardelaine

Aujourd’hui le temps est à la transition énergétique avec l’investissement récent dans un toit solaire, la réflexion et l’engagement sur les économies d’énergie, les déplacements, l’isolation des anciens bâtiments… C’est aussi un temps de transition générationnelle avec beaucoup de personnes ayant peu d’ancienneté dans l’équipe. Les 40 ans sont ainsi l’occasion de transmettre non seulement l’histoire mais aussi ce qui fait qu’Ardelaine est une entreprise atypique. Elle s’inscrit à la fois dans les mouvements d’Éducation populaire et dans la citoyenneté économique qui, nous le souhaitons activement, permettent l’émancipation de  chacun, base d’un monde plus juste et plus respectueux. Pour cela la formation, dans laquelle nous mettons chaque année beaucoup d’énergie, l’accompagnement et le partage sont essentiels.

Soulignons que tout ceci, sans vous, n’aurait que peu de sens ! C’est bien à vos côtés, par vos retours, vos encouragements, vos choix de consommation et vos questionnements que nous continuons l’aventure en construisant des rêves pour demain !

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